Pourquoi
pas ?
David
Nicholls
Traduit
par Michèle Lévy-Bram
Editions
Belfond Littérature étrangère
22
€ - 480 p.
ISBN :
978-2-7144-5124
De grandes espérances
« …
j'ai l'impression que la vraie vie va commencer, qu'absolument tout
est possible .» Nous
sommes en 1985, en plein cœur des années Thatcher. Laissant
derrière lui sa ville natale de Southend, une mère veuve quelque
peu encombrante et deux amis issus du même milieu modeste que lui,
Brian Jackson, dix-huit ans, le narrateur de Pourquoi pas ?
fait son entrée à l'université grâce à la bourse qu'il a
obtenue.
Une
entrée qu'il souhaite fracassante ! Malheureusement pour lui, il ne
possède pas les atouts habituels qui peuvent laisser envisager une
popularité immédiate. Acnéique au possible et terriblement
maladroit, Brian a franchement tout du loser.
Ses blagues et tentatives de séduction laissent bien sûr de marbre
beaucoup de ses nouveaux congénères upper class.
C'est
donc sur son énorme culture générale qu'il va devoir miser pour
inverser la tendance. Culture acquise aux côtés de feu son père,
fan de l'émission University Challenge qu'ils
regardaient ensemble, fascinés par l'aisance avec laquelle
« d'étranges créatures omniscientes …
pouvaient répondre aux questions les plus incongrues »
Sélectionné
in extremis dans l'équipe de l'université, Brian y voit aussi
l'opportunité de fréquenter de plus près la somptueuse, troublante
et riche Alice dont il est tombé éperdument amoureux.
Une
histoire d'amour sur fond de lutte des classes. Cela ne
ressemblerait-il pas à Un jour, formidable
comédie sociale au succès
international phénoménal (Belfond 2011, 10/18, 2012) du même
David Nicholls ? Pas vraiment car dans Pourquoi pas ?
(premier roman du Britannique
dans l'ordre chronologique alors qu'Un jour est
le troisième) elle n'y constitue pas l'intrigue mais vient s'ajouter
aux multiples expériences malheureuses de Brian.
Pour
ce portrait d'un jeune homme à la recherche de lui-même, David
Nicholls a puisé dans ses propres souvenirs d'étudiant et le
résultat sonne particulièrement juste. On sent beaucoup de
tendresse chez le romancier pour les maladresses de Brian et les
erreurs d'appréciation hilarantes qu'il ne cesse de commettre car
elles font nécessairement partie de sa mutation vers l'âge adulte.
Les
nombreux personnages secondaires lui donnent par ailleurs la
possibilité de dépeindre subtilement et parfois férocement la
société anglaise de l'époque et les tensions qui l'animaient. Là
encore, l'humour de David Nicholls est dévastateur pour les
zygomatiques. Quant aux foisonnantes références à la culture pop
des années quatre-vingt, elles constituent un vrai régal pour les
amateurs !
Un
délicieux roman anti-grisaille que l'on referme enchanté d'avoir
passé un aussi bon moment.
Florence
Bee-Cottin
(mis en ligne sur parutions.com le 22/06/2012)
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2012
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