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samedi 23 juin 2012

Pourquoi pas ?



Pourquoi pas ?
David Nicholls
Traduit par Michèle Lévy-Bram
Editions Belfond Littérature étrangère
22 € - 480 p.
ISBN : 978-2-7144-5124



De grandes espérances

« … j'ai l'impression que la vraie vie va commencer, qu'absolument tout est possible .» Nous sommes en 1985, en plein cœur des années Thatcher. Laissant derrière lui sa ville natale de Southend, une mère veuve quelque peu encombrante et deux amis issus du même milieu modeste que lui, Brian Jackson, dix-huit ans, le narrateur de Pourquoi pas ? fait son entrée à l'université grâce à la bourse qu'il a obtenue.
Une entrée qu'il souhaite fracassante ! Malheureusement pour lui, il ne possède pas les atouts habituels qui peuvent laisser envisager une popularité immédiate. Acnéique au possible et terriblement maladroit, Brian a franchement tout du loser. Ses blagues et tentatives de séduction laissent bien sûr de marbre beaucoup de ses nouveaux congénères upper class.
C'est donc sur son énorme culture générale qu'il va devoir miser pour inverser la tendance. Culture acquise aux côtés de feu son père, fan de l'émission University Challenge qu'ils regardaient ensemble, fascinés par l'aisance avec laquelle « d'étranges créatures omniscientes … pouvaient répondre aux questions les plus incongrues »

Sélectionné in extremis dans l'équipe de l'université, Brian y voit aussi l'opportunité de fréquenter de plus près la somptueuse, troublante et riche Alice dont il est tombé éperdument amoureux.

Une histoire d'amour sur fond de lutte des classes. Cela ne ressemblerait-il pas à Un jour, formidable comédie sociale au succès international phénoménal (Belfond 2011, 10/18, 2012) du même David Nicholls ? Pas vraiment car dans Pourquoi pas ? (premier roman du Britannique dans l'ordre chronologique alors qu'Un jour est le troisième) elle n'y constitue pas l'intrigue mais vient s'ajouter aux multiples expériences malheureuses de Brian.

Pour ce portrait d'un jeune homme à la recherche de lui-même, David Nicholls a puisé dans ses propres souvenirs d'étudiant et le résultat sonne particulièrement juste. On sent beaucoup de tendresse chez le romancier pour les maladresses de Brian et les erreurs d'appréciation hilarantes qu'il ne cesse de commettre car elles font nécessairement partie de sa mutation vers l'âge adulte.

Les nombreux personnages secondaires lui donnent par ailleurs la possibilité de dépeindre subtilement et parfois férocement la société anglaise de l'époque et les tensions qui l'animaient. Là encore, l'humour de David Nicholls est dévastateur pour les zygomatiques. Quant aux foisonnantes références à la culture pop des années quatre-vingt, elles constituent un vrai régal pour les amateurs !

Un délicieux roman anti-grisaille que l'on referme enchanté d'avoir passé un aussi bon moment.

Florence Bee-Cottin
(mis en ligne sur parutions.com le 22/06/2012)
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2012

































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