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dimanche 15 février 2009

Une vie en chute libre : Robert Chalmers




Une vie en chute libre
Robert Chalmers
Les mots étrangers Stock
23 euros
ISBN : 54-5606-6

Vertige de l’amour

Lorsque Daniel Linnell, le Londonien un peu coincé, professionnellement à la dérive rencontre Laura Jardine, l’Américaine libérée, barmaid à La Chouette et adepte du saut en parachute, c’est pour lui le coup de foudre.
Licencié de son emploi de psychothérapeute dans un cabinet thérapeutique privé (expérience drolatique), Daniel travaille quelque temps à La Chouette et rencontre Stephen qui écrit des nécrologies pour un grand quotidien londonien. Le hasard faisant bien les choses, Daniel se voit embaucher par Whittington, le très original chef de la rubrique nécro. Robert Chalmers, lui-même journaliste au Guardian (et anciennement nécrologue !) entraîne alors son lecteur dans un monde qu’il connaît parfaitement et dont il égratigne plaisamment les travers et les dérives. Rivalités, mégalomanie, dictature de l’information-spectacle… Beaucoup d’humour également dans les nécrologies et leur code particulier.« Des choses du genre ‘Il ne s’était jamais marié’ pouvaient signifier tout et n’importe quoi : qu’il avait passé sa vie à écumer les toilettes publiques du monde libre ou .. eh bien … qu’ ‘Il ne s’était jamais marié.’»
Suite à une boutade de Whittington, Daniel décide d’écrire le Bottin de l’enfer (Who’s Who in Hell est le titre original du roman en anglais), petite encyclopédie des monstres d’hier et d’aujourd’hui.
Idée diablement amusante au départ, abandonnée quelque peu brutalement en fin de première partie. Dommage que Robert Chalmers ne parvienne pas à mener de front les deux histoires, la relation amoureuse entre Daniel et Laura et le Bottin de l’enfer.
La seconde partie du roman est donc placée sous le signe du tragique.
Autour des deux héros, des personnages secondaires attachants que la vie malmène souvent. Aucune trace de pathos cependant dans les scènes dramatiques qui se succèdent. Les blessures intimes sont racontées sobrement.
Relations familiales ratées, violences, infidélités, solitude… Le ton est juste pour évoquer la souffrance et le malheur.
Et au cœur du récit, l’histoire d’un amour. Que le Destin fracasse.
La critique anglophone rapproche volontiers ce premier roman prometteur (bien qu’imparfait) des comédies douces-amères de Nick Hornby, qui traitent du quotidien et de la pop-culture avec un humour dévastateur. Des points communs, certes mais le regard sur le monde est différent. Celui de Robert Chalmers semble nettement plus sombre.

(Mis en ligne le 21/08/2003 sur parutions.com)

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