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dimanche 15 février 2009

La vérité, ou presque : Stephen McCauley


Stephen McCauley
La vérité, ou presque
10/18 ISBN : 2-264-03774-1
Titre original : True enough
Traduit de l’américain par Marie-Caroline Aubert

Le problème avec Jane

Avec quatre romans à son actif, Stephen McCauley qui habite et enseigne dans le Massachusetts est devenu pour la côte Est des Etats-Unis, ce qu’Armistead Maupin est à la côte Ouest.
Deux auteurs cultes, dont les œuvres présentent des similitudes intéressantes.
L’homosexualité, que chacun revendique dans la vie, n’y est pas un thème exclusif mais un élément parmi d’autres dans les combinaisons de l’amour. Tous deux s’attardent, plus volontiers, sur l’amitié particulière entre homosexuels et hétérosexuelles. Exploitée par Maupin dans la série des Chroniques de San Francisco, on la retrouve sujet de prédilection chez McCauley. Le « couple » formé par Desmond Sullivan et Jane Cody dans La Vérité, ou presque rappelle ceux de George et Nina (L’Objet de mon affection), Patrick et Sharon (L’Art de la fugue) et Clyde et Louise (Et qui va promener le chien ?)
Si les deux romanciers partagent également un sens de l’humour décoiffant, Maupin, lui, s’appuie sur des intrigues plus solidement construites tandis que McCauley privilégie, très nettement, le traitement des personnages. Avec toujours le même point de départ, des quadragénaires insatisfaits qui ont bien du mal à accepter ce qu’ils ont fait de leur vie.
Jane et Desmond (dont McCauley alterne les points de vue au fil des chapitres) n’échappent pas à la règle.
Productrice d’une émission de télévision dont elle pressent la fin prochaine, Jane navigue en eaux troubles. Selon ses propres dires, son mariage avec Thomas, universitaire un peu lourdaud, en est au « cycle LAVAGE. L’Affection Virant à la Gentille Exaspération. » Elle se sent à nouveau attirée par Dale, son ex.mari, qui ne demande que ça ! Quant à Gerald, son fils de six ans, doté de capacités intellectuelles impressionnantes, il fait preuve, envers elle, d’une hostilité rebutante. Pour couronner le tout, elle finit par se perdre dans les listes de choses à faire qu’elle dresse de façon compulsive, déguisant sous des codes divers ses petits et gros mensonges. Falsification de la réalité qu’elle entretient jusque dans le cabinet de son psychiatre !
De son côté, Desmond se pose des questions sur sa relation « longue durée » avec Russell, le bel antiquaire new-yorkais et souhaite amorcer un cycle « RINCAGE. Retour à l’Indépendance Cavaleuse Assortie de Guérison Epanouie. » Espérant conclure la rédaction d’une biographie sur Pauline Anderton, artiste à la gloire éphémère, il accepte un poste d’enseignant de quatre mois dans l’université bostonienne où exerce Thomas. Qui lui présente son épouse. Jane propose rapidement à Desmond de travailler avec elle sur un projet d’émissions télévisées dont le pilote sera consacré à Pauline Anderton.
Complicité professionnelle à la recherche de « la clé de tout …La pièce manquante qui fait tenir toute la biographie. » Et surtout amicale, chacun aidant l’autre dans son processus d’introspection.
McCauley montre une grande justesse de ton et un art consommé de la comparaison. Mais cède parfois à la facilité. (remarque qui concerne principalement le manque d’originalité du dénouement)
Malgré ce petit bémol, La Vérité, ou presque reste une comédie sociale enlevée et réussie.

(Mis en ligne le 10/09/2003 sur parutions.com)

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