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samedi 14 février 2009

James Joyce et la création d’Ulysse : Frank Budgen

Frank Budgen
James Joyce et la création d’Ulysse
Traduit de l’anglais par Edith Fournier
ISBN : 2.207.25636.7
20 euros 335 pages
Denoël 2004

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Ulysse …..

En 1918, par l’intermédiaire du consulat britannique pour lequel il travaille, le peintre anglais, Frank Budgen rencontre James Joyce à Zurich. La sympathie et l’estime réciproques laissent rapidement place à une profonde amitié.
Joyce, qui a déjà entamé la rédaction d’Ulysse, trouve en la personne de Budgen un lecteur attentif et perspicace ainsi qu’un interlocuteur privilégié.
Pour preuve, cette étude, publiée en 1934, en Angleterre, traduite en français une quarantaine d’années plus tard et rééditée aujourd’hui. Passionnante à plus d’un titre.
Dans cette explication de texte linéaire et exhaustive, le roman est décortiqué méthodiquement, et le lecteur découvre en parallèle, les idées et intentions de son auteur, telles qu’il les confia à Budgen au cours de leurs fréquentes conversations.
« En ce moment, dit Joyce , je suis en train d’écrire un livre fondé sur les pérégrinations d’Ulysse. C’est-à-dire que l’Odyssée me sert de plan de base. Mais cela se passe de nos jours et toutes les pérégrinations de mon héros ne durent pas plus de dix-huit heures. »
Mais il ne s’agit pas seulement pour Joyce de décrire la journée du 16 juin 1904 dans la vie de Léopold Bloom, juif de Dublin. Sa volonté est de refléter « la vie dans sa totalité » et de proposer le portrait d’« un homme entier et complet tout à la fois » , à l’image du personnage d’Homère. L’entreprise est titanesque et selon Budgen « la préoccupation de Joyce pour son livre ne connaissait pas de relâche. Il ne cessait de tendre l’oreille, de rechercher le détail ou le mot dont il avait besoin … tout ce qu’il emmagasinait se révélerait utile en temps et en lieu voulu … il n’y avait pas de limites à la variété des matériaux qui jouaient un rôle dans cette construction. »
Cependant Budgen ne se fait pas uniquement le fidèle écho de la voix de Joyce, il propose également ses propres interprétations sur les différents épisodes et personnages du roman ainsi qu’une subtile réflexion sur l’art, sa vision de peintre éclairant de manière originale le travail du romancier.
Budgen ne se contente pas non plus d’une simple exégèse mais raconte aussi l’homme, qu’il a rencontré presque quotidiennement pendant deux ans. Il admire, bien sûr, l’intellectuel à la culture phénoménale et il en apprécie la très grande indépendance d’esprit.
Mais il évoque aussi d’autres facettes de la personnalité de Joyce peut-être moins connus qui rendent son portrait beaucoup plus vivant – son goût immodéré pour le vin blanc, sa passion pour la voix de ténor, sa famille, ses graves problèmes de santé ou encore sa misogynie.
D’abord « sceptique » lorsque Budgen lui fit part de son projet de livre, Joyce « s’intéressa peu à peu à cette idée qui prenait forme, et lorsque le stade de la lecture des épreuves fut atteint, il était positivement enthousiaste. »
On ne peut que partager ce sentiment tant est stimulante cette plongée dans l’œuvre et l’univers de l’immense Irlandais.

(Mis en ligne le 16/08/2004 sur parutions.com)

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